L' »America first »

L’ « America first » dans l’administration Obama en relations internationales

L’affaiblissement international des États-Unis d’Amérique au plan international, hérité de l’enlisement en Iraq, Afghanistan (implication indirect dans le conflit libyen) et de la dégradation spectaculaire de la situation économique,  renvoie à des éléments de conjoncture et à des crises  plus profondes.

Suite à l’intronisation du 44éme président des États-Unis en janvier 2009, Barack Obama réaffirmait que son engagement sur l’union de ses concitoyens pour affronter la crise financière qui touche les États-Unis et le monde, certes, mais surtout redorer l’image désastreuse de l’Amérique a l’extérieure…Hélas!

 

Des frappes contre des suspects terroristes, la nomination d’un envoyé spécial en février 2009 en Afghanistan et au Pakistan,  et une interview télévisé d’une chaine qatarie Al-Arabiya sont trois actions significatives sur la scène international du président Américain au début de mandat dixit le discours du Caire prônant un respect des États-Unis envers le monde arabe. Cependant l’engagement de Barack Obama face aux défis environnementaux démontre à la fois une volonté de rupture avec l’administration précédente et une certaine fermeté. Mais dans les faits, elles s’inscrivent aussi dans la continuité des politiques mises en œuvre par George W. Bush.

 

Ces cas de départ de la nouvelle politique américaine étrangère dans une volonté de rupture avec l’administration de George W. Bush mise en place par un pouvoir dit « intelligent » ne vont-elles pas engendrer une nouvelle forme de restauration de leadership américain?

 

 

 

Le pouvoir intelligent (smart power) n’est pas seulement une expression pris sous l’angle de l’intellect. Elle évoque aussi l’aspect pratique de l’idée, son astuce, soulignant que le pouvoir intelligent renvoie au pragmatisme, et donc, a son efficacité pratique.

Cette approche s’enracine dans la conviction du président Barack Obama que l’Amérique peut obtenir plus de ses interlocuteurs par le dialogue et la persuasion que par la menace systématique et la dramatisation permanente de la confrontation comme l’a fait l’administration de George Bush.

 

Nous voyons avec ce concept de pouvoir intelligent de l’administration du nouveau président américain, une perspective  communautariste et constructiviste.

Dans un premier temps, vise une auto perception d’une communauté internationale, en mettant en avant l’importance des valeurs et d’unité. Comme lors du récent sommet du G20, Le président Barack Obama rappelait dans un discourt s’adressant aux états membres, « Nous traversons une période de difficultés économiques mondiales auxquelles ne sauraient répondre ni des demi-mesures ni les efforts isolés d’une quelconque nation ».

Dans un deuxième temps, le perspectif constructiviste qui est un ordre fondé sur une domination non ressentie que l’administration Obama a mise en place en faisant preuve de subtilité.

Nous voyons ici  que le pouvoir intelligent que se voulait  la maison blanche n’a jamais réellement pris forme à part dans les discours. Dès Le 23 janvier 2009, Barack Obama avait autorisé sa première opération militaire. Conformément à son engagement de campagne électorale de poursuivre la traque des membres terroristes d’Al Qaida ou qu’ ils se trouvent, sans même l’accord des pays concerné comme fut le cas lors de l’opération qui tua Oussama Ben Laden au Pakistan. Malgré la volonté de bien dialoguer, les américains veulent rester les maitres décisionnaires. Au-delà de la poursuite de la lutte contre Al Qaida dans la région frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan, Obama entend avoir une approche régionalisé du dossier  afghan, comme l’indique la nomination de Richard Holbrooke comme envoyé spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan.

 

Hilary clinton secrétaire d’état et Richard Holbrooke ont en effet tous deux exprimé leur agacement vis-à-vis du piètre bilan du gouvernement Afghan de Hamid Karzai en matière de corruption, de lutte contre le trafic de drogue et de fourniture des biens publics de base (eau, électricité, construction de nouvelles écoles, routes goudronnées), autant de facteurs explicatifs de l’instabilité du pays.

 

Malgré un récent retrait des troupes américain, l’envoi de 20 à 30 000 milles soldats américains supplémentaires en Afghanistan  aura cependant pas pour objectif, et ne permettrai pas, de transformer le pays en un modelé d’état moderne, démocratique et uni comme l’avais déjà voulu l’administration  George W. Bush.

 

Ce signe s’était présenté comme une volonté de la nouvelle administration d’employé une tonalité différente avec le reste du monde, surtout avec les Musulmans, elle n’en demeure pas moins surprenante. Le président a donc insisté dans l’exercice sur le fait que les États-Unis allaient d’avantage écouter leurs partenaires ainsi que leurs ennemis au lieu d’imposer leurs préférences à un pays spécifique de la région. De tels propos s’inscrivent dans la continuité de ceux de George W. Bush. Lors d’une interview sur la chaîne de télévision américaine CNN, Barack Obama  affirme vouloir restaurer le « même respect et partenariat qu’entretenaient des États-Unis et le monde musulman il y a 20-30 ans. Le nouveau président américain semble ici souffrir d’une étrange amnésie historique. Il y a 30 ans, en janvier 1979, la révolution islamique en Iran se traduisait par la prise d’otage de l’ambassade américaine de Téhéran. Quelques années auparavant, en 1973, l’embargo sur les livraisons de pétrole décrété par l’Arabie saoudite provoquait le premier choc pétrolier et plongeait l’économie américaine en récession. Par ailleurs au cours des 20 dernières années, l’histoire la plus sombre relation selon Barack Obama, l’intervention militaire au Koweït, Bosnie Herzégovine, et en somalie, des lieux des populations musulmanes étaient dans des situations périlleuses.

 

Les changements survenus dans la diplomatie américaine ne se focalise pas uniquement que sur des regains d’influence géopolitique, mais plutôt dans les nouveaux défis environnementaux.

 

L’administration de George Bush avait émis le refus de tout échéancier de réduction d’émissions de gaz à effet de serre du au protocole de Kyoto. En contrepoint, elle plaide pour des engagements volontaires des entreprises et une politique de soutien à l’innovation technologique. Le moins qu’on puisse dire est que cette orientation n’a pas produit des effets escomptés : de 1993 à 2005, les émissions de CO2 du secteur énergétique américain ont augmenté de plus de 15 %.

L’administration de Barack Obama renverse la vapeur en promettant une loi dont l’objectif serait de réduire les émissions de 80% en 2050, par rapport à 1990. Pour ce faire, son programme prévoit un système d’échange plafonné des droits d’émission, un taux annuel de réduction obligatoire, la mise en œuvre accélérée de technologies propres, un investissement massif dans la recherche –développement et une série de mesures en faveur  de l’efficience énergétique, notamment.

Il convient de noter que le point de départ de la nouvelle administration américaine n’est pas le sauvetage du climat mais la sauvegarde du leadership des États-Unis, en particulier dans le domaine de l’énergie. L’administration Obama  reproche à celle de George Bush d’avoir accru la dépendance des États-Unis par rapport au pétrole, donc par rapport aux pays producteurs et à leurs régimes hostiles, et d’avoir investi dans l’armée massivement en Irak plutôt qu’en Afghanistan. Terreaux sur lequel il va s’appuyer pour venir à bout du candidat républicain Mitt Romney lors des élections présidentielles de novembre 2012.

 

Selon Barack Obama, l‘administration précédente a fourvoyé les États-Unis dans une impasse où ils se sont affaiblis face à l’Union Européenne et à la chine, tout en perdant le contrôle absolu sur leur arrière-cour en Amérique latine. Barack Obama incarne ainsi le projet d’une réorientation géostratégique globale visant à rétablir l’hégémonie de l’empire dans un contexte de concurrence aiguisée entre puissances impérialistes et nouvelles puissances capitalistes montantes. Son programme énergie-climat doit être analysé dans ce cadre.

Ce lien entre climat et géostratégie apparaît clairement dans la manière dont Barack Obama  se positionne à l’ égard des pays émergents.

 

De ce fait, Barack Obama est stratégiquement d’accord avec son prédécesseur, mais s’en démarque sur la tactique à suivre : selon lui, en refusant tout contingentement domestique, son prédécesseur aurait fait le de l’Inde et de la Chine, sans compter sur l’Union Européenne a profité du retrait des États-Unis  pour s’installer comme leader climatique.

 

A cet égard, il est significatif que Barack Obama n’envisage pas de suivre l’exemple de l’Australie, qui a ratifié les accords de Kyoto à Bali, en décembre 2007. Son projet n’est pas de rentrer dans le rang mais de prendre les rênes de la négociation d’un nouvel accord climatique d’un après-Kyoto, afin que cet accord corresponde aux intérêts du capitalisme américain.

 

 

En somme l’administration de Barack Obama contribue à corriger l’image négative des États-Unis dans le monde en redonnant à la diplomatie la place prépondérante qui lui revient dans une nation pacifique, ouverte au dialogue, et respectueuse des autres nations.

L’équipe au pouvoir à Washington innove, mais impose des réflexions sur les méthodes de gouvernance en vigueur qui vont au- delà des réévaluations des politiques en cours inhérentes à toute prise de fonction d’un nouveau pouvoir.

Ce que j’ai appelé pouvoir intelligent, tel qu’ il est utilisé aujourd’hui par les États-Unis n’est pas seulement un gadget conceptuel permettant d’alimenter la diplomatie américaine à l’échelle planétaire.

C’est aussi un signe d’un changement d’époque, et d’une prise de conscience de l’Amérique qui a compris que l’hostilité grandissante à son égard menaçait à terme son hégémonie, dans un siècle qui verra l’avènement de nouveaux géants mondiaux que sont déjà la Chine, et bientôt l’inde , et le Brésil.

Ce concept favorise le retour à un au multilatéralisme dans les relations internationales, et l’Europe qui a parfois souffert de l’unilatéralisme américain forme le vœu d’un retour à une diplomatie moins agressive des États-Unis, plus à l’écoute de ses partenaires.

 

Le nouveau leadership américain prôné par l’administration Obama se veut tous aussi déterminé dans la défense des intérêts américains, mais plus subtil dans le choix de la méthode à appliquer pour y parvenir.

 

Là où son prédécesseur George W. Bush interprétait la réticence de ses alliées a soutenir la politique de l’Amérique comme de l’anti- américanisme, voir comme une trahison d’intérêts occidentaux, Barack Obama souligne la nécessité d’élargir l’éventail de l’outil à la disposition des États-Unis pour faire triompher les intérêts de l’Amérique et du camp occidental.

Ce qui m’emmène à dire et penser qu’il y a une continuité dans la politique étrangère de Barack Obama à celle de George W. Bush, malgré les innovations de l’administration de la première cité.

Cependant, la ligne de conduite de Barack Obama est clair, d’une manière générale il expose la nouvelle politique internationale étrangère de l’Amérique et tient compte des opinions des pays qu’il visite, en évitant de mettre en évidence ses opinions personnelles comme le faisait son prédécesseur.

 

C’est une des clefs de son succès qui se fonde aussi sur sa connaissance des questions internationales. Barack Obama semble d’après ses analyses, avoir une solide culture et n’est pas un néophyte en la matière, il se place en conciliateur et évite de jouer les provocateurs. Cela permet à la diplomatie américaine, une facilité de persuasion dans le monde.

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ô Cameroun de Popol

Ô Cameroun de Popol

 

 

 

 

Le 5 décembre 1990, le président de la République du Cameroun Paul Biya, à la tête du pays depuis le 14 janvier 1984, fait ratifier une loi instaurant le multipartisme suite aux mouvements de démocratisation qui se mettait en place sur tout le continent. La première élection présidentielle pluraliste en octobre 1992 était déjà entachée de fraude lors du premier tour du scrutin. Dans les bureaux de vote le candidat du RDPC (Rassemblement démocratique du Peuple Camerounais), Paul Biya, étais donné perdant face au leader du parti SDF (social Démocratic Front) John fru Ndi, d’après les premières estimations. Finalement lors du deuxième tour, le président sortant est déclaré vainqueur et est réélu avec 39,9 % contre 35,9 % pour John Fru Ndi, entrainant du même coup des manifestations et des incidents dans les provinces de l’ouest du pays, majoritairement acquises à ce dernier. Ce mouvement s’est très vite estompé, encouragé par l’appel au calme de John fru Ndi qui aurait perçu des fonds de la part du pouvoir en place et une garantie d’obtention de sièges pour des membres de son parti au parlement. En somme, une réhabilitation dans le paysage politique camerounais a été offerte à celui qui était dans l’interdiction jadis  de se présenter à quelconque élection sur le territoire.

 

Ce cas de figure marque le début de certaines pratiques qui vont enclencher le développement d’une  politique clientéliste. Elle s’articule au niveau des hautes instances du pouvoir par des tractations pour des ministères a gros budget ou sur des projets gouvernementaux juteux, commençant à prendre ancrage dans le  quotidien camerounais et par cela même, transformant le Cameroun en un des pays les plus corrompus de la planète. Comment les pratiques des dirigeants camerounais entraînent-elles la chute de l’État ?[1]

 

 

Prenant comme point de départ le thème des pratiques officielles qui se déploie « au vu et au su » de la population camerounaise, comme la gestion économique de l’État, les décrets ministériels ou encore le plan « Épervier », nous tenterons de démontrer en quoi ces pratiques constituent une forme de mise en scène organisée pour dissimuler des pratiques moins légales. En effet, le dicton « derrière l’arbre se cache la forêt » semble bien s’applique ici. Nous nous pencherons dans un deuxième temps sur les pratiques officieuses du gouvernement camerounais, qui assure le maintien d’une certaine domination et qui semble mener le Cameroun vers une démobilisation politique. Nous nous intéresserons plus précisément aux dons électoraux, à l’enrichissement personnel des ministres et hauts dignitaires du pouvoir et enfin au soutien que le président Paul Biya a reçus du parti majoritaire lorsqu’il a révisé la Constitution pour briguer un nouveau mandat lors des prochaines élections de 2011.

 

Les pratiques officielles

 

La gestion économique de l’État

« Nous n’irons plus chercher l’argent du FMI », s’est écrié le ministre de l’Économie et des Finances camerounaises Essimi Menye lors d’un point de presse, à l’annonce de la fin des conditionnalités des bailleurs de fonds internationaux. Or, malgré ces propos, le gouvernement camerounais s’est engagé dans une série de programmes de réformes économiques soutenus par la Banque Mondiale et le FMI. Le budget du Cameroun pour l’année 2009 est estimé à 2054 milliards de FCFA, sur lesquels 89 % seront ventilés sur les dépenses non pétrolières. Sur ces 89 %, selon les sources du ministère des Finances, ce budget consacre 59 % de ses ressources aux dépenses de fonctionnement de l administration, 26 % aux les dépenses d’investissements publics et 15 % au règlement de la dette publique. Remarquons maintenant que, dans ces dépenses de fonctionnement de l’administration publique, les dépenses « personnelles » vont passer de 510 milliards en 2008 à 624 milliards de FCFA en 2009, soit 26 % du budget total de l’État. En d’autres termes, il s’agit d’une part du budget qui à elle seule est supérieur à l’ensemble du budget annuel d’investissement public.

 

Cette catégorie du budget, nommée « dépenses personnelles », apparaît ainsi comme une catégorie floue, dans laquelle se cachent des dépenses variées. Déplacements du couple présidentiel, financements de l’anniversaire de la création du RDPC, paiement des frais scolaires des enfants du président dans des universités étrangères prestigieuses, frais médicaux de la famille et des proches des membres du gouvernement seront, entre autres, considérés comme appartenant à cette catégorie des « dépenses personnelles ». Il va sans dire que ces dépenses, financées par les contribuables, pourraient se voir contester leur qualificatif de « dépenses publiques » dans la mesure où elles semblent profiter presque exclusivement aux membres du gouvernement et à leurs proches et non aux Camerounais.

 

De plus, si la gestion et la répartition de 89 % du budget sont annoncées explicitement, la gestion des 11 % manquants n’est mentionnée nulle part dans les sources du ministère des Finances. Dans cette perspective, il semble que la gestion économique qui se veut claire et transparente dans ses publications présente des incohérences et des « zones grises ». Ces espaces mal définis dans le budget permettent au chef « suprême » Paul Biya et à son cabinet présidentiel de faire des décrets ministériels afin de promouvoir un membre de son parti, le RDPC.

 

 Les décrets ministériels

Ces décrets ministériels sont promulgués par le secrétaire général à la présidence. Sous l’influence de Paul Biya, le cabinet du premier ministre nomme des membres du gouvernement souvent proche du président, ce qui suscite une vive attention dans le pays.      Chaque habitant veut s’assurer qu’il y aura un membre de leurs ethnies qui fera parti du gouvernement afin qu’ils puissent par la suite, comme disent les Camerounais, « être dans l’équipe qui gagne ». En d’autres termes, l’enjeu est ici d’assurer des avantages à son groupe ethnique en étant représenté au niveau gouvernemental.

 

Une fois en place, les heureux élus ont tendance à développer deux types de pratiques qui minent le développement et l’épanouissement de l’État. Certains vont parvenir à négocier le prix des projets auxquels leur ministère doit contribuer avec les fournisseurs, ce qui implique bien souvent que ces projets ne pourront pas être de qualité égale à ce qu’ils auraient été si le plein prix avait été investi. Le résultat est sans surprise : l’élu peut arrondir généreusement sont salaire avec le bénéfice qu’il a fait, mais les infrastructures mises en places seront de moins grande qualité et devront sans aucun doute être remplacé rapidement. La logique du gain personnel à court terme semble primer sur une perspective de construction de l’État à long terme et sur un véritable projet de société.

 

Une autre pratique courante est la surévaluation des dépenses financière du ministère auquel l’élu est rattaché, pour obtenir un maximum d’argent du gouvernement. Comme ces budgets sont surévalués, l’élu pourra mettre la différence dans ses poches, en passant presque inaperçu. Or, comme il s’agit de pratique assez courante, où chacun tente de s’enrichir personnellement sur le dos des financements gouvernementaux en puisant directement dans les fonds ministériels, il va sans dire que les contre coups de ces pratiques commencent à se faire sentir et à fortement agacer la population. Ce mode de fonctionnement a affaibli le système budgétaire des ministères au point d’entrainer une vague de manifestations en février 2002. En réponse à ses manifestations et aux critiques issues de la communauté internationale, Paul Biya mit en place le plan « Épervier ».

 

 Le plan « Épervier »

Le plan « Épervier » est un plan contre la corruption qui a été mis en place par la présidence afin de montrer à la scène nationale et internationale que le Cameroun pouvait combattre la corruption. Des ministres ou ex-ministres soupçonnés d’abus de biens sociaux sont jugés et incarcérés. Leurs enrichissements rapides ont souvent été mis en cause par des scandales médiatiques et le gouvernement était forcé de réagir. La récente arrestation de l’ex-secrétaire général à la présidence, Atangana Mebarra, dans le cadre de l’affaire Albatros est un bon exemple de l’articulation du plan « Épervier », qui est aujourd’hui nommé « Épervier 3 ». Mebarra avait été mandat d’acheter un avion neuf au président pour ses déplacements. Or, comme nous l’avons évoqué plus haut, il a préféré acheter un avion usager et de garder l’argent épargné de cette transaction pour son compte personnel, ce qui a failli couter la vie du président Paul Biya lors d’un récent voyage. Certains estiment que l’incident serait la conséquence de forts pots de vins qui auraient été versés à l’achat de l’avion. D’autres évoquent la thèse d’une tentative d’élimination physique de Paul Biya qui aurait été orchestrée par la « Génération 2011 », en référence aux proches du pouvoir actuel ne désirant pas le renouvellement de mandat de Paul Biya.

 

L’opération « Épervier », dès sa naissance et dans ses formes plus contemporaines, est une manière de donner plus de clarté et de transparence à la politique de Biya, mais peut sembler paradoxale. En effet, le président de la République a permis pendant des années a ses sbires ou a de haut dignitaires du parti de s’enrichir en les hissant a des postes qui leurs permettaient d’accroître une influence considérable et d’instaurer une politique clientéliste dans le système politique camerounais. De plus, le plan « Épervier » ressemble davantage à une mise en scène sensationnaliste qu’à une véritable restructuration en profondeur des pratiques des ministres camerounais. Si on examine avec attention les ministres qui ont été jugés, il s’agissait de cinq ministres dont Biya souhaitait se débarrasser et cette opération était un excellent prétexte pour mener à bien ses intentions. Ils ont ainsi été remplacés par d’autres qui reproduisent le même système que le plan « Épervier » était supposé d’endiguer. Enfin, ce plan d’ajustement semblait en adéquation parfaite avec l’agenda électoral de Paul Biya. Force est de constater que le plan « Épervier » apparaît en 2002 et semblait de ce fait marquer le début de campagne électorale du président basée sur la « confiance » et la reconquête de l’opinion publique en prévision des élections présidentielles de 2004.

 

Si les pratiques officielles du gouvernement semblent insuffisantes pour assurer le développement et l’épanouissement de l’État camerounais, c’est aussi parce que leur déploiement est amputé par un ensemble de pratiques officieuses.

 

Les pratiques officieuses

 

 Les dons électoraux

« Mangez, buvez et votez pour notre parti ! » : tel est le mot d’ordre du parti au pouvoir à l’approche d’élection majeure comme les élections présidentielles. Les dons électoraux consistent à marchander des voix auprès des militants réticents en échange de biens matériels, ce qui est communément appelé la « politique du ventre ». Elle prend souvent la forme de dons alimentaire, les politiques vont tour à tour offrir des aliments à la population pour les amener à voter pour eux. Beaucoup en profitent pour voler dans les caisses prévues à cet effet. Aussi, cette politique représente pour certains un véritable pillage des ressources de l’État. Bien plus, dans un contexte de compétition politique, où les politiciens sont face aux électeurs, la redistribution des ressources de l’État semble s’effectuer exclusivement à la tette du client électoral. II faut distinguer les pressions alimentaires des pressions de types ethniques, même si elles se complètent. Les pressions ethniques consistent quant à elles à demander aux électeurs de voter par « solidarité ethnique » pour leur frère, leur cousin ou encore un membre de leur ethnie qui est dans le parti.

Ce mode de fonctionnement est souvent utilisé pour promettre un poste important dans les hautes sphères de l’état ou encore la réalisation d’un projet de toute nature pour but d avoir ses voix. Elle joue un rôle important dans les alliances politiques, car le parti au pouvoir a conscience du manque de logistique et surtout de moyens financiers de ses concurrents. Il est donc facile d’allier un opposant dans le régime. Cependant, quelques-uns des membres du parti peuvent prétendre s’exprimer au-delà de leurs intérêts individuels pour ce qu’ils estiment être de l’intérêt général. Ces dons confiés à des dignitaires des partis au pouvoir sont une vraie aubaine et une source d’enrichissement.

 

L’enrichissement personnel des membres du Comité central du RDPC

 

Le comité central est une institution à grande influence. Les décisions sont prises en conférence de section qui a trois organes, dont RDPC, OJRDPC, OFRDPC.

L’opération d’éclatement correspond aux exigences de la politique de proximité. Ce qui n’est pas le cas en réalité, on trouve des sous-sections composées de deux comités de base ce qui parait incohérent.

La faute a des présidents de sections qui sous prétexte mettent en pratique la politique de proximité, accentuant un dispositif de perpétuation du leadership. Ils réunissent les conférences non tous les six mois, comme le prévoient les statuts, mais quand bon leurs semble, et selon leurs intérêts du moment et son couvert par des hauts membres du comité central.

 

 Le soutien de ces partisans lors de la révision de la Constitution en janvier 2009

Paul Biya souhaite la révision de certaines dispositions de la constitution, notamment l’article 6 alinéa 2 qui encadre la durée du mandat présidentiel à 7 ans renouvelables une fois. Le président camerounais a fait cette annonce dans son allocution du 31 décembre et se dédit, du coup, après s’être engagé il y a trois ans de ne pas y toucher. Il avait même renchéri dans une interview sur la chaîne de télévision française France 24 affirmant que le débat sur la constitution n’était pas une priorité. Si elle est anecdotique, c’est surtout parce qu’il est soutenu par ses hauts membres du parti qui souhaitent également conserver le pouvoir et tous les avantages que cela procure pour un nouveau mandat de 7 ans à partir de 2011. En effet, s’il obtient un soutien infaillible de son comité central et des anciens opposants maintenant dans le gouvernement, c’est qu’ils ont tous intérêt à conserver et à s’accrocher à leur « gagne-pain ».

 

Cette déclaration semble être une légitimation médiatique de la démarche entreprise par Grégoire Owona, Françoise Foning et Ferdinand Ndinda, cadres et haute personnalité charismatique selon les militants du parti au pouvoir qui réclament une révision de la constitution afin de permettre au président Biya de briguer un troisième mandat en 2011. Lors de son passage sur France 24, Paul Biya est resté énigmatique en déclarant : « Le Cameroun a vraiment d’autres problèmes à résoudre que celui-là, mais je laisse ceux qui veulent ouvrir ce débat. Parce qu’il y a aussi des gens qui disent que, pour assurer la continuité, il faut que le président se représente. Je laisse le débat se dérouler, mais pour le moment, la constitution ne me permet pas un troisième mandat et je sais aussi que les constitutions ne sont pas faites pour changer, le peuple lui-même détermine ce qui est bon pour lui, alors nous sommes à l’écoute, mais je somme mes compatriotes de s’atteler à des tâches plus urgentes ».

 

Le RDPC semble toujours déconnecté avec la réalité, dans cette mesure, il n’est pas très osé de comparer le Cameroun à un État organisé en Castes où certains auraient la vocation à faire des affaires. Alors que les cadres dirigeants sans dignité et ambitions du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais font des appels de pied à la reconduite sans condition de la candidature de Biya aux Presidentielles de 2011 afin d’assurer leurs survies politiques et financières, le Cameroun sombre dans une démobilisation politique sans précédent.

 

 

 

Retenons bien ici qu’un pays pauvre a surtout besoin d’investissements publics, afin de pouvoir faire démarrer son économie. Dominique Strauss Kahn, président du Fond Monetaire International (FMI), déclarait sur une chaine de télévision française : « la croissance économique est la mère du bien-être social, car elle finit par bénéficier à toute la société ». Cette phrase résume les fondations d’une société et semble avoir été comprise par de nombreux pays du contiennent africain. Le Cameroun ne semble pas en faire parti.

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Nous constatons plutôt, comme il est de coutume chaque année depuis 27 ans, dans un Cameroun plus pauvre qu’en 1950, que le budget de Paul Biya consacre plus de la moitié de ses dotations pour financer le fonctionnement de son administration publique. Les pratiques officielles ne font que mettre en place un système de gérontocratie dont les actions s’apparentent plus à de la gesticulation superficielle qu’à restructuration en profondeur, comme le plan « Épervier » en témoigne. En effet, ce qui se veut être un système d’assainissement ne parvient pas a convaincre les élites politiques ni même ceux qui l’ont mis en place.

 

Les pratiques officieuses ne font que confirmer l’ingérence. On assiste à la faillite des dirigeants camerounais et responsabilité des pays occidentaux a ne pas émettre des pressions considérables sur les pays africains en crise de bien social aux populations qui est l’une des principales causes de l’immigration qui est un mal qui concerne tout le monde, occidentaux et pays d’Afrique y compris. Communauté internationale doit faire pression sur les dirigeants camerounais en les contraignant à une bonne distribution des richesses nationales. De plus, les programmes à mettre en place doivent tenir compte des spécificités du Cameroun et des réalités locales. Exiger à ces dirigeants d’adopter des budgets réalistes, car une grande part de ces budgets vont à l’entretien des dirigeants et de leurs cours ; et seulement une portion insignifiante pour le développement. Une question demeure : comment prétendre développer un État si le budget alloué à l’Éducation ne dépasse pas les 8 % et celui de la recherche ne dépasse pas les 2 % ?

 


 

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Le panafricanisme est-il une conception érronée?

Le Panafricanisme est-il une conception erronée ?

Le monde afro est en « pleine émulation » comme on peut souvent l’entendre ci et là… Que soit dans l’art, l’économie, le sport et biens d’autres domaines. Or  globalement le continent est toujours en déliquescence malgré qu’une frange de personnes courageuses qui  se battent tous les jours pour élever le continent africain à la place qu’il mérite. Miner par des guerres civiles que nous pensions jadis derrière nous (Naïvement, il faut bien le reconnaître) ; La tendance actuelle dans la diaspora est la question du panafricanisme. Le panafricanisme est un prisme souvent prôné par l’intelligencia diasporique, voir des jeunes  bercée par l’amour de la « Terre mère ». En son sein,  de la société civile aux acteurs étatiques très peu mettent en exergue le Panafricanisme. Bon nombres  parlent d’unité sans vouloir utiliser le terme de panafricanisme qui selon eux est trop péjoratif par rapport à l’essence  de leur « état nation » et à leur « souveraineté ». Nous n’en disconviendront pas, cependant c’est très discutable. A suivre !

On ne vous apportera pas un débat axé sur la souveraineté ou sur l’état nation tend défendu par chacun comme un prisme qui s’inscrit sur un fait historique et indéniable aujourd’hui. Nous revenons sur le débat initial, le panafricanisme

Pour ma part, suis-je dans l’erreur de croire dur comme fer, sachant que personne ne détiens une vérité alors qu’il y a des vérités, au panafricanisme ? J’ai pris le soin de poser une question « simple » sur certains réseaux sociaux : Le panafricanisme est-il une conception erronée ? Nous avons retenu deux réponses. L’une est celle d’un jeune homme du nom de Heru Niang et l’autre d’une jeune femme du nom de Leatik qui sont nuancés.

« Il est d’abord important de préciser  avant de répondre à cette question sur  le Panafricanisme n’est pas une conception mais  une réalité.  Il est une réalité historique car tous nos illustres et antiques dirigeants préconisaient l’union pour solution à la médiocrité de notre situation (Narmer unissant quasiment toute l’Afrique de l’est;  Shaka Zulu avec l’Afrique sud-est; tous les royaumes africains du XIIIe au XVIIIe siècle),  une réalité économique car l’isolement voulue ou subie par certains Etats africains cherchant leur indépendance financière ne peuvent s’en sortir qu’en pratiquant des partenariats interafricains (création de monnaie commune avec Kadhafi, Mugabe, Nasser) et une réalité militaire (nous pouvons le constater avec l’extrême et déconcertante facilité qu’ont les Abominables à conquérir un Etat africain comme la Libye, la Côte d’Ivoire, le Mali et Haïti).

Nous noterons que la force démographique africaine, étant substituée par la capacité pour l’Occident à enrôler des mercenaires et des traîtres, ne permet pas à un Etat africain d’avoir une armée assez imposante pour résister aux infanteries ennemies supérieures en qualité.

Enfin, il faut savoir que le Panafricanisme n’est pas une fin mais un moyen. Un moyen d’assurer la sécurité de tous les États internes à cette entité panafricaine recherchée: une économie commune  permettrait de briser les anciennes relations coloniales (18 États africains font partie du Commonwealth;   quelques États africains font partie de certains accords de l’UE; sans parler du réseau France Afrique) et un système de défense continental organisé (les exemples des invasions de la Côte d’Ivoire, du Mali et de la Libye; les défaites de l’Égypte, de l’Éthiopie; les nombreuses bases militaires occidentales présentes en Afrique).

Ainsi, pouvons-nous dire que le Panafricanisme est une conception erronée? Absolument pas.  Le Panafricanisme est l’avenir de l’Afrique. Non pas dans le sens populaire qu’on donne à toutes les théories et idéologies dont on fait l’apologie, non. Le Panafricanisme est l’avenir de l’Afrique car il s’agit là de la seule et unique issue non seulement de tous les Afro-descendants de la planète mais aussi pour toute l’Humanité »  ça va de soi. Toutefois les avis divergent comme celui de Laetik qui a un avis court et en dichotomie avec la précédente.

« La confusion entre le Panafricanisme et l’afrocentrisme est trop importante. Et puis je pense que la volonté de créer une « unité » panafricaine se réduit de jour en jour. La désinformation, l’ignorance et l’incompréhension et parfois même très souvent sur un déni qui existe tant bien que mal entre nos peuples d’Amériques, des caraïbes et de l’Afrique n’est aucunement comparable aux motivations et objectifs  des pères fondateurs de ce mouvement. J’ai donc l’impression qu’il faut soit revenir à le genèse ou tout recommencer ».

Malgré les divergences des deux points de vu, il faut noter au travers de leurs écris que cette notion de panafricanisme va au-delà même de la palpabilité. Je dirai que c’est encore plus grand, c’est méta physique. Je ne me permettrai pas de faire un mimétisme sur Gaulle car nos objectifs diffèrent (quoi que…) mais je parlerai de grandeur. Et la grandeur est dans l’esprit et dans la nature que peut incarner le panafricanisme. Nous conviendrons que le panafricanisme n’est pas une conception mais un paradigme juste, réel  et adaptée au contexte dans lequel se trouve ce continent aux multiples îlots (non aux états)  en dégénérescence depuis ce que nous appelons aujourd’hui Indépendantes.

En sommes nul ne pourrait se targuer d’avoir une quelconque réponse à cette problématique. Néanmoins pour que le continent africain puisse se sublimer dans sa mosaïque (il ne faut surtout pas le nier) culturelle et historique, il faudra se ranger derrière un prisme unique et marcher en ordre de bataille. Car ça nécessite de l’abnégation, de la discipline et surtout une volonté. De ce fait, seul les africains ont la réponse et la solution à cette problématique. C’est ainsi que les grandes civilisations se sont sublimer et ont su relever de grands défis de l’humanité. Pas celle à géométrie variable que nous connaissons aujourd’hui.

Merci à Héru Niang et à Léatik pour leur apport intellectuel !

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Le conflit soudano-soudanais: Une responsabilité collective pour les africains

Mon édito sera porté sur le conflit entre les deux soudan, tant sur les enjeux liés aux détentions des énergies fossiles et  des ressources naturelles. Ces enjeux ont un impact sur la région qui peut influencer une gouvernance Dans une démarche philosophique.

Les présidents des deux Soudans se sont accusés mutuellement, accusé d’avoir choisi la guerre, tandis que Juba la capitale du Sud Soudan dénonçait des bombardements de l’aviation de Khartoum pour la première fois sur une localité d’importance au Soudan du Sud.

Selon Ehnada le quotidien algérien « Nos frères au Soudan du Sud ont choisi la voie de la guerre, appliquant des plans étrangers dictés par des parties qui les soutenaient pendant la guerre civile », a déclaré le président soudanais, Omar el-Béchir, à la presse à Khartoum. « Béchir a annoncé une guerre totale avec la République du Soudan du Sud. Tout ce que nous avions résolu dans l’Accord de paix global nous revient, désormais, comme un problème », a déclaré son homologue Sud-Soudanais, Salva Kiir, devant le Parlement à Juba. Il faisait référence à l’accord qui avait mis fin en 2005 à 22 ans de guerre civile Nord/Sud et qui a abouti à terme à la partition du Soudan en juillet 2011.

Cependant , des questions cruciales, laissées en suspens, comme le tracé de la frontière ou le partage des revenus pétroliers, ont fait monter les tensions. Hier, Juba a accusé Khartoum d’avoir bombardé une localité d’importance, Bentiu, chef-lieu de l’Etat sud-soudanais d’Unité… Par ailleurs, M. Kiir a déclaré qu’il n’ordonnerait pas à son armée de se retirer de la zone pétrolière contestée d’Heglig prise, mardi, à l’armée soudanaise… Le président sud-soudanais a, également, menacé d’envoyer ses troupes dans la province d’Abyei, autre zone contestée à la frontière avec le Soudan…

Les deux Soudans n’ont jamais semblé aussi proches d’une nouvelle guerre. Des combats intenses ont fait rage dans la zone de Heglig dont le champ pétrolier assure une large part de la production de brut du Nord, mais que le Sud revendique… Le pétrole est un point de contentieux majeur : le Soudan du Sud dispose de la majorité des réserves, cependant, dépend des infrastructures du Nord pour exporter. Et les deux pays ne parviennent pas à s’entendre sur des frais de transit qui permettraient un partage de ces revenus essentiels pour leurs économies…

Pour ma part, Indépendamment de ce conflit tourné sur l’énergie pétroliére, il y a également la problématique lié à l’accessibilité à l’eau. Nos sociétés ont besoin de sens, car ce sont les repères qui fixent les horizons et déterminent les objectifs à atteindre. Ce sont les ambitions et les engagements qui permettent d’envisager l’avenir avec davantage d’équilibre(s) et d’harmonie. Ce sont donc des projets structurants et signifiants qui font avancer les hommes et rythment leur évolution.

Au même titre que les arts et les lettres, les sciences et les technologies jalonnent l’histoire des civilisations. Les grandes épopées technologiques ont ceci de formidable qu’elles génèrent d’immenses espoirs. Le versant sombre est la production d’injustices et d’inégalités. C’est bien là le paradoxe de la postmodernité. Au fur et à mesure que l’espérance de vie et l’indice de développement humain croissent dans la partie occidentale de l’hémisphère, les situations de détresse de l’hémisphère sud empirent.

Notre époque est celle des agriculteurs qui souffrent de la faim. Plus grave encore, alors que l’eau de la planète est majoritairement constituée sous forme liquide, trop nombreux sont ceux qui n’ont pas accès à l’eau potable. L’insalubrité n’est pas une fatalité.

La question de l’eau, qu’elle soit abordée sous l’angle de la géopolitique et de la puissance, dans une perspective humaniste et sociétale ou selon une approche économique est et demeurera une interrogation stratégique majeure.

Le Forum mondial de l’eau, dont cette livraison de Géoéconomie est partenaire constitue une formidable opportunité pour prendre les engagements indispensables à une véritable gouvernance mondiale. Tous les acteurs ont conscience que nous sommes à un carrefour majeur de l’histoire de l’humanité. Au-delà du réchauffement climatique, par-delà d’autres grands défis comme la sécurité alimentaire, la gouvernance de l’eau s’inscrit dans l’agenda international comme le défi de ce début de millénaire.

En sommes Les industriels ont bien compris leur responsabilité sociale. Le temps des critiques systématiques contre les multinationales de l’environnement est révolue. Ces dernières, si elles n’ont pas été exemptes de tout reproche par le passé ont abandonné la posture de la repentance pour embrasser celle d’une gouvernance vertueuse.

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Le Mali: La faillite d’un Etat

Le Mali : La Faillite d’un état

Quelques semaines après son coup d’état, la junte composée de jeunes officiers issus de l’armée régulière malienne, a remis le pouvoir aux Civils. Chronologie d’une chute étatique.
Jeudi 22 mars Amadou Toumani Touré est renversé par un putsch. L’armée est en débâcle, le pays coupé en deux. Le nord est tombé dans les mains des combattants Touareg, au sud dans celle d’une poignée de jeunes officiers insatisfaits. Stupéfaction dans le sahel et le reste du continent : les insurgés Touaregs, considérés comme les meilleurs remparts contre Aqmi (Al Qaeda Maghreb), combattent aux cotés des islamistes. Après avoir subi l’un de leurs pires revers en Afrique, la communauté internationale reste muette et « impuissante ».
L’ancienne puissance coloniale, qui est la France, est paralysée. Surtout avec six ressortissants otages d’Aqmi. Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter deux ans en arrière. Alors qu’ils multiplient attentats et enlèvements en Mauritanie voisin, et au Niger, les combattants d’Aqmi se montrent beaucoup plus discrets au Mali, ou ils semblaient jouir d’une étonnante liberté d’action. Grace aux rançons, ils ont amassé un trésor de guerre estimé à 50 millions d’euros, l’équivalent de l’aide annuelle française à Bamako. De quoi faire de nombreuses recrues et acheter des complicités dans l’un des pays les plus pauvres de la planète.
Selon Les officiers qui sont à l’origine de ce coup d’état, ils soupçonnent Amadou Toumani Touré, celui que l’on surnomme « ATT » d’avoir conclu une sorte de trêve avec l’organisation terroriste. Avait-il un autre choix, vu la connaissance de la faible capacité militaire du pays ? En 2010, ils en obtiennent une lettre écrite adressée au président malien, l’un des chefs d’Aqmi, Abou Zied, lui reproche d’avoir brisé le pacte de non-agression qu’ils ont passé.

Géopolitique désastreuse
Un pays vaste par sa superficie, frappée par la famine, la désertification et le chômage, le Mali est le maillon faible de la région du Sahel. Son président, usé par huit années de pouvoir, ne croyait pas au recours de la force. Il a jonglé entre Aqmi, les Touaregs, les chancelleries occidentales et ses puissants voisins, généraux algériens. Selon un de ses anciens conseillers spécial « il ne se fâche avec personne. A chaque crise, il arrosait les plus dangereux et parvenait à obtenir une paix précaire ».
Sa position devient rapidement intenable. En juillet 2010, à l’issue de trois mois de captivité, l’humanitaire français Michel Germaneau est assassiné par l’Aqmi selon les informations officielles. L’armée mauritanienne, avec l’aide de l’ancienne puissance coloniale, la France, pourchasse ses ravisseurs dans le nord du mali. Pour mener ses opérations, elle finit par installer un camp de 450 militaires sur le territoire de son voisin pendant tout un trimestre. Amadou Toumani Touré avait accepté du bout des lèvres de brèves incursions, se met en colère lorsqu’il découvre la présence des forces spéciales françaises, en appui aux mauritaniens, sur la base malienne de Mopti-sévare. Il exige aussitôt le rappel par Paris de ses 40 hommes présentés officiellement comme des accompagnateurs.

Les préceptes de la chute. En mars 2011, quand les premiers avions de l’otan décollent en direction de la Libye de Muammar Khadafi, Amadou Toumani Touré ne se fait plus d’illusions. Il sait que l’onde de choc de la guerre contre Muammar Khadafi se fera sentir dans tout le sahel, voir du continent. Depuis le palais présidentiel à Bamako, il alerte Paris. En vain. Un mois avant la chute du guide libyen, les Touaregs qui servaient dans la légion verte fuient à travers le désert avec armes et bagages, emmenés par un ex-colonel, Mohamad Ag Najim. De ce fait, Pourquoi l’Otan n’est-elle pas intervenue ? Le Niger parvient à désarmer ses propres vétérans revenus de Libye. Les maliens regagnent en revanche leurs terres sans encombre. Avec des intellectuels et des politiques, ils fondent le MNLA. Ceux-ci renverseront « ATT » plus tard. Paris pousse « ATT » à négocier avec les Touaregs, à respecter les accords de paix signés à Alger en 2006. Sans grand succès.

Les hommes « bleus » reprennent les armes le 17 janvier. Leur marche vers le sud se transforme en vague déferlante. Face à ses guerriers surarmés, les forces régulières, dépenaillées, peu motivées et surtout moins équipés, s’effondrent. Les miliciens Touaregs envoyés à leur rencontre par Bamako font défection. Les villes du nord sont prises l’une après l’autre. Humiliés, traumatisés par le massacre de quatre-vingts des leurs à l’arme blanche dans la garnison d’Aguelhok, les soldats maliens finissent par se retourner contre leurs dirigeants. Le 21 mars 2012, après une altercation avec le ministre de la défense, ils partent à l’assaut de la radio-télévision et, ne rencontrant aucun obstacle sur leur route, poussent jusqu’à la présidence. A 16h30 pétante, le ministre français de la coopération, Henri de Raincourt, appelle en urgence le président malien. Quelques minutes plus tard, il doit fuir sous les tirs d’obus.

En sommes, aujourd’hui la junte a passé le pouvoir aux civils. Contrairement à « ATT », la junte ne voulait pas dialoguer avec les rebelles. Mise au ban de la communauté internationale, soumise à un embargo total de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la junte s’est révélée incapable de freiner la progression des insurgés. Dans ce marasme, que devient la société civile ? Comment le nouveau gouvernement de Cheick Modibo keita sortira le mali de ce bourbier ? Autant de questions pour très peu de réponses.

Jean-Joseph Agoua

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Tribalisme: Une entrave à l’unité africaine

Le Tribalisme : une entrave à l’unité africaine.
Par Jean-Joseph Agoua

À la fin du 19e siècle, la conférence de Berlin scelle le partage du continent africain entre puissances coloniales. Ce partage, destiné à organiser la présence européenne en Afrique, fait fi de toutes les réalités culturelles, ethniques et linguistiques des territoires colonisés. Au lendemain des indépendances, au tournant des années 1960, les africains cherchent à recréer leurs propres frontières. De cette époque à nos jours, l’unité africaine est théorisée, idéalisée voire mythifiée. Ce souhait se révèle impossible à réaliser : les chefs d’état veulent bâtir des nations solides avant d’aller vers un fédéralisme.
Les tenants de l’unité africaine ont toujours tendance à suivre un modèle : l’Union européenne. L’Union africaine a été calquée sur l’Union européenne, y compris pour son nom et son sigle. Aujourd’hui, ce qui se passe en Grèce, en Italie ou en Espagne devrait faire réfléchir. Avant de voir dans l’Union européenne un modèle, on devra considérer cet échec comme une expérience dont il faut tirer des leçons.
L’union européenne est une réussite en tant que marché commun. Mais en tant qu’union monétaire, elle court actuellement à la catastrophe. Alors d’où vient le problème? Les états ont transféré leur pouvoir de décision en matière de politique monétaire à une bureaucratie qui n’est soumise à aucun contrôle. Faute de mécanisme obligeant à rendre des comptes, l’UE s’est ralliée à l’intégrisme du marché. Les résultats sont patents. Les pays économiquement fragiles comme la Grèce ou le Portugal sombrent dans les abysses de la récession et doivent se plier à un ajustement structurel qui entraine inévitablement une baisse des salaires et du pouvoir d’achat.
À mon sens, la solution face aux forces du marché viendra de la démocratie politique. Si la loi du marché est le ralliement à la raison du plus fort, la base de la citoyenneté est l’égalité politique. Dans une démocratie, les pauvres et les faibles comptent sur le pouvoir politique pour leur assurer une protection contre ceux qui régissent le marché. Aujourd’hui, on voit monter deux revendications différentes dans les états les plus faibles d’Europe. Soit quitter l’UE pour reprendre la main sur la politique monétaire, soit la faire évoluer vers une union politique afin que la politique monétaire européenne soit soumise à un contrôle démocratique.
Si l’on remplace la Grèce par le Tchad, ou l’Allemagne par le Gabon en Afrique centrale, on voit bien à quel point le problème de l’UE est proche de la situation de cette région. Si la communauté de l’Afrique centrale dont est composé le Cameroun, le Gabon, la république Centre-africaine, le Tchad et la Guinée équatoriale, vire à l’intégrisme du marché, qu’est-ce qui empêchera les faibles et les pauvres, à savoir la majorité, de rejeter cette unité ou d’emboiter le pas à des démagogues qui les inciteront à retourner à leurs vraies communautés, à leur foyer natal, non pas le Tchad et le Gabon, pris en exemple ici, mais des régions, bamiléké, bantou (bétis, etc.) ou Douala qui sont des groupes ethniques pionniers?
Ce débat doit porter sur les moyens d’atténuer les effets du libéralisme économique; qu’ont à gagner les régions les plus pauvres et les citoyens les plus pauvres à une unité d’Afrique centrale? Comment faire coexister libéralisme économique et justice sociale?

La problématique terrestre

L’Afrique dans son immensité est composée de paysans. L’accès à la terre est pour eux d’une importance fondamentale. Sans un accès assuré à la terre, il n’y a pas de subsistance assurée. Il existe pour le cas de l’Afrique centrale, deux régimes fonciers diamétralement opposés dans cette région, tous mirent en place à l’époque coloniale. L’un est la pleine propriété, régime en vertu duquel les pauvres sont libres de vendre leur terre aux riches, même si cela les prive de moyens de subsistance pour leur avenir. Le régime coutumier, repose sur le principe que la terre appartient à la collectivité comme dans mon village au Cameroun. Il évitait aux paysans de se faire déposséder de la terre par les forces du marché et, de ce fait, de venir grossir la population pauvre affluant vers les villes. Cependant, il avait pour inconvénient de définir la population en termes tribaux et d’inscrire la terre dans le foyer tribal. Globalement, cela a eu pour effet de réduire l’horizon d’une certaine Afrique à la tribu. Non seulement la tribu devenait garante de la sécurité et de l’appartenance, mais elle accréditerait l’idée qu’au-delà de la tribu, le danger rodait.
Aujourd’hui nous avons deux défis : le principe selon lequel la terre apparait à ceux qui travaillent cette terre, donc au droit d’émettre une sécurité de la propriété, en ce sens, le principe inhérent au régime coutumier, peut-il être préservée dans les États-Unis d’Afrique? Ou bien ce principe sera –t-il sacrifié sur l’autel de l’unité pour laisser place à la pleine propriété et aux mécanismes du marché?
Ensuite, l’unité peut-elle créer quelque chose d’autre qu’un marché, autrement dit un espace où les plus nantis et les puissants vont inévitablement dominer? Peut-elle fonder une citoyenneté digne de ce nom, une structure politique pour la majorité? La solution européenne à ce problème est bien connue. En Europe, « la pleine propriété est devenue la base de l’accumulation des foncières » selon Grégoire Domenach, étudiant en sciences politique à l’Université de Montréal. Les paysans pauvres ont été chassés des campagnes. Ceux qui ne trouvaient pas d’emploi dans les zones urbaines ont été envoyés de force dans les colonies. C’est ainsi que se sont faites les Amériques, l’Australie, La Nouvelle Zélande et l’Afrique du Sud.
La solution européenne s’est traduite par une dictature des villes sur les campagnes. Les villes aspiraient à l’autonomie. La vision urbain-centrée de l’Europe est théoriquement apologique par le concept de société civile. Nous l’avons adopté sans discernement.
Dans certaines parties de l’Afrique, l’autonomie urbaine s’est inscrite historiquement dans le cadre du régime des privilèges raciaux. La société civile a été radicalisée dès sa naissance. Les forces progressistes des pays africains n’étaient pas celles qui luttaient pour l’autonomie urbaine, mais celles qui s’efforçaient de relier l’urbain et le rural. Les défenseurs de la société civile et de l’autonomie urbaine sont passés à côté de ce fait historique.
Nous constatons aujourd’hui, que la solution de l’exode rural sur le modèle européen n’est plus praticable. Dans la mesure où il ne reste presque plus d’espaces vides dans le monde, les paysans pauvres d’Afrique n’ont de solution de repli qu’en Afrique. Ils ne peuvent pas migrer hors du continent africain et pour l’essentiel, ils ne le font pas. Malgré les histoires à sensation d’Africains noyés en essayant d’atteindre les côtes de l’Europe, drames dont la presse fait ses choux gras, la réalité des faits est tout autre. Ces populations viennent avant tout grossir les rangs des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de l’Afrique.

L’exemple de la Chine est éclairant. Nous savons qu’en Chine la crise du monde rural s’aggrave. On peut d’ailleurs s’étonner qu’elle ne soit pas beaucoup plus grave. Mais il y a une cause prépondérante à cela : dans les campagnes chinoises, la terre n’est pas une marchandise, elle appartient au village. Cela s’apparente étroitement à « la propriété coutumière » africaine. L’accès à la terre est fondé sur son utilisation. La leçon à en tirer pour l’Afrique est de chercher des moyens de réformer la propriété coutumière plutôt que de l’abolir. Tout d’abord, il sera important de préserver la sécurité de la propriété, le principe que la terre appartient à celui qui la travaille, et surtout de reconnaitre la communauté villageoise comme gardienne de la terre. Toutefois, il faut aussi repenser l’idée de communauté villageoise afin qu’elle ne soit plus tribale mais territoriale.
Il est donc clair que l’Afrique ne résoudra pas le problème en confiant la politique foncière aux états. Parce que cela entrainerait vraisemblablement une migration des paysans pauvres, des terres en pleine propriété vers des terres relevant du droit coutumier. La population de ces régions exigerait alors une fermeture des frontières afin d’endiguer l’afflux des arrivants, souvent considérés comme une menace pour les terres et les emplois. En témoignant des violences contre les migrants africains ces dernières années en Afrique du sud par exemple.
La question est le rapport entre rural et urbain et entre tribu et nation. Peut-on faire partie d’une communauté plus vaste sans perdre son sentiment d’appartenance? Cela nous ramène à une autre question fondamentale, celle de la citoyenneté : est-elle ethnique ou territoriale?

La problématique de la citoyenneté

L’État centralisé est une invention moderne qui a vu le jour en Europe. Avant son avènement, le pouvoir décentralisé était la règle partout sur le globe terrestre. Les anthropologues européens du 19e siècle avaient identifié deux types de sociétés en Afrique : les sociétés d’état et les sociétés sans état qui sont dites acéphales. Ils prenaient aussi acte du fait que le pouvoir décentralisé était une réalité très répandue en Afrique. À cet égard, l’évolution vers une fédération, une certaine forme de décentralisation serait un retour à une partie de notre tradition politique, mais ceci n’est pas sans problèmes. Il existe deux types de fédération : une fédération ethnique et une fédération territoriale. En Afrique, les fédérations ont eu tendance à revêtir un caractère ethnique, et non territorial. Pour comprendre la différence entre les deux, il suffit de se poser cette question; si le lieu où je vis n’est pas celui d’où ma famille et moi sommes originaires, où est mon chez moi? Du point de vue territorial, mon domicile est là où je réside aujourd’hui. D’un point de vue ethnique, mon espace est là d’où sont originaires ma famille et mes ancêtres. Alors d’où vient la définition ethnique du « chez-soi? ». Je soutiens qu’elle n’appartient pas à la tradition politique de l’Afrique précoloniale. C’est bien au contraire, un héritage de la colonisation.
Toutes les puissances coloniales présentes en Afrique ont divisé la population en deux groupes : les races et les tribus. Les races venaient d’ailleurs, tandis que les tribus étaient censées être indigènes ou autochtones. Les races étaient censées avoir une histoire, elles migraient. Les tribus, elles n’avaient qu’une géographie et qu’elles étaient censées ne pas avoir bougé de leur foyer tribal depuis la nuit des temps. C’est sur cette logique que maints colons se sont basés, notamment en Amérique du nord avec les amérindiens.
Une question ressurgis : à quand remonte cette tradition consistant à identifier chaque personne à un foyer natal, et à décréter que ce foyer natal est établi ad vitam aeternam? Tous les peuples africains sur lesquels je me suis documenté ont un récit des origines. Qu’il s’agisse des bantou, des yorubas ou des zoulou, ils affirment tous qu’ils viennent de quelque part, mais toujours d’ailleurs sans vraiment donner de précision. Ainsi les tutsis et le hutus du Rwanda seraient tombés du ciel. Or, tous les récits des origines sont des histoires de migration. Les peuples prémodernes ne pensaient pas que quiconque soit proprement autochtone. Ce n’est pas seulement véridique pour les africains. Le principal récit des origines partagé par les régions du livre, est l’histoire de la Genèse dans l’ancien testament. Il y est dit qu’il n’y avait personne sur terre avant que les peuples que nous connaissons viennent s’y établir, tous étaient des migrants venus de la terre ferme après le déluge biblique.
L’idée d’un monde peuplé d’indigènes avec des minorités non indigènes est proprement moderne. Dans cette partie du monde qu’est l’Afrique, c’est un concept très clairement colonial. L’idée que chaque tribu possède son foyer tribal, que chaque tribu appartient de droit à son foyer, est une idée de colon. C’est sur cette base que l’on s’appuie pour affirmer que les tribus ne doivent pas bouger de leur foyer et qu’en dehors le monde appartient aux colons.
Le colonialisme a inventé cette fiction et le problème, c’est que depuis les indépendances, nous l’avons reprise à notre compte. Nous considérons qu’elle fait partie de l’usage africain, et non pas colonial. Heureusement, certains leaders de l’indépendance en Afrique n’ont pas adhéré à ce concept tel que Julius Nyerere premier Président de la Tanzanie continentale. Il faut reconnaitre, hélas, que l’Afrique de l’Est est une région où nous avons eu les pires massacres humains et des nettoyages ethniques de grandes envergure comme le génocide au Rwanda et au Burundi, l’expulsion des musulmans du Nil occidental après la chute du dictateur Idi Amin Dada en 1979 par les catholiques en Ouganda et les violences dans la vallée du Rift au Kenya.
Dans ce contexte peu réjouissant, la Tanzanie fait figure d’exception. C’est le seul pays de la région où aucun groupe n’a été persécuté en raison de son appartenance ethnique ou de sa couleur de peau. Julius Nyerere doit avant tout rester dans les mémoires comme le bâtisseur d’un état-nation. Il a su édifier un état centralisé à partir d’une fédération tribale coloniale. L’administration avait divisé la population en une multitude de tribus et de race. Les races relevaient du droit civil, les tribus du droit coutumier. La grande réussite de Nyerere est d’avoir unifié le droit et l’appareil administratif afin que chaque tanzanien relève du même droit, indépendamment de sa race ou de sa tribu.

Julius Nyerere a créé un état de droit. Il a créé une citoyenneté nationale fondée sur la résidence, dans un pays où le colonialisme avait instauré un mécanisme pour définir chaque individu en fonction d’une identité raciale ou tribale fondée sur l’origine.
En revanche, un pays comme le Cameroun indépendant n’a jamais remis en question les fondements intellectuels de la gouvernance coloniale. La violence dans le pays Bamiléké et en pays Bassa en est un bon exemple. Deux questions méritent, une fois de plus d’être posées : qui est indigène? Qui a un droit sur la terre? Sur ces questions, deux points de vue s’opposent. D’après le premier, la terre appartient à la tribu autochtone, elle fait partie du foyer tribal. Selon le deuxième, la terre appartient à la nation, à la communauté citoyenne et dans ce cas, le foyer national est un état-nation.
Comment choisir entre deux conceptions des droits ? Celle fondée sur la tribu ou celle fondée sur la nation? Les deux camps ont raison. Chacune de ces conceptions est ancrée dans un imaginaire différent, une histoire différente. La revendication tribale plonge ses racines dans l’imaginaire colonial, la revendication nationale, dans l’imaginaire nationale postcolonial.
Pour choisir entre ces deux points de vue, il faut passer du langage des droits individuels à celui de la démocratie. Ce qui suppose des réflexions sur les conséquences pour la majorité.
En sommes, l’unité africaine ne survivra pas si elle exalte le principe des droits. Pour durer et prospérer, elle devra trouver un équilibre entre droits et justice, libéralisme économique et aspirations à la citoyenneté. L’Afrique possède deux traditions de citoyenneté postcoloniale, l’une territoriale, l’autre ethnique. Si les africains veulent constituer une fédération politique, nous devrons nous appuyer sur une citoyenneté commune, comme le préconise Grégoire Domenach, sur l’identité européenne. Laquelle choisirons-nous?
Le risque est de laisser les états membre de cette communauté trancher cette question, comme il a été fait pour celle de la terre. En ce sens, l’Afrique ne sera pas une fédération politique.

Jean-Joseph Agoua

Inspiré par :

André-yanne Parent : Jeune anthropologue diplômée de l’université de Montréal. Actuellement stagiaire de la fondation bonne-enfant au Parlement Québécois.
Sujet : la question des autochtones amérindiens au Canada.
Grégoire Domenach & Daniel Ohanian : Étudiants en science politique de l’Université de Montréal. Et journaliste pour « le polémique » journal de science politique de l’université de Montréal.
Sujet : l’identité Européenne et les problèmes des frontières
Sydney Fowo : Journaliste chroniqueur à la radio universitaire CHOQ FM, Étudiant de HEC Montréal.
Sujet : « paris c’est mon pays » appropriation de l’espace où nous nous trouvons.
Kévin Amougou : Étudiant au Bidisciplinaire science politique-communication. Fondateur de « the Corner » blog musical interactif
Sujet : l’Afrique dans sa diversité et ses pays aux différentes variables culturelles et territoriales

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Tiraillement d’une afrique « Moderne » dans la mondialisation

Jeune étudiant afro-européen  que je suis au Canada, baignant dans un multiculturalisme béant, bon nombres de jeunes afro-américains ou afro-européen se demandent, qu’en est-il  réellement (d’un point de vue rationnel) de cette Afrique qui nous es chère?quelle vision tout africain  de la diaspora se prévaut d’apporter à ce continent tant décrié jadis par nous même enfant issus de l’immigration, qui aujourd’hui tentons tant bien que mal a nous réapproprier ce dont nous avons fuit pendant des années. Cependant, avant de se poser ces questions et d’être dans une démarche futuriste, il est d’abord question de savoir par quoi sommes-nous entouré?et en quoi aspirons nous dans cette mondialisation dans le monde « moderne »?

Au sortir des années 1980, nous avons connu une grande crise humanitaire et structurelle sans précédent. Les famines ont dépossédés l’Afrique  de ses moyens humains afin d’être dans la course au développement et ont compromis l’épanouissement des États africain en entrant dans l’ère postmoderne.

Selon Battistella L’idée que la politique internationale se déroule en état d’anarchie, en l’absence d’autorité centrale, est partagée par l’ensemble des internationalistes  ; Décrivant la manière dont la société postmoderne est passée du local au global, des philosophes comme Kenneth Waltz ou Michel Serres mettent l’accent sur ce qu’ils appellent les « objets-monde ». Nous entendons par objets-monde, des outils dont l’une des dimensions est commensurable à l’une des dimensions du monde. Un satellite pour la vitesse, une bombe atomique pour l’énergie, Internet pour l’espace du monde, les résidus nucléaires pour le temps.

Voilà quatre exemples d’objets-monde indispensables au continent africain pour faire partie de la communauté internationale. Mais la société postmoderne n’a pas seulement donné naissance à des objets-monde. Elle crée des risques-monde qui doivent mettre ces états en position de défense, car il est important pour tout un chacun de sauvegarder ses acquis et ses spécificités. Toutefois, indépendamment d’un pays comme la Corée du Nord, ces risques affectent également l’environnement et la biosphère qui sont pour nous des éléments clefs de notre survie alimentaire. Les menacer n’est pas sans risque de conséquences graves pour le monde entier. Le philosophe Michel Serres nous met en garde : « Nous dépendons nous-mêmes désormais de choses qui dépendent des actes que nous entreprenons. Notre survie dépend du monde que nous créons au moyen de techniques dont les éléments dépendent de nos décisions »

Il appelle en conséquence à un retour au « contrat naturel » avec l’idée clé « qu’à la maîtrise du monde, doit succéder aujourd’hui, la maîtrise de la maîtrise de ce que nous créons ». Notre responsabilité vis-à-vis du monde présent comme à l’égard des générations futures découle de cette prise de conscience de l’ambigüité des techniques qui servent à l’essor de la société postmoderne.

 

Or, la philosophie occidentale, en termes de politique internationale, ne calcule jamais le coût du savoir ou de l’action. Elle les préjuge gratuitement. Cependant, lorsqu’il est question du fonctionnement de nos objets-monde, les coûts deviennent commensurables à une dimension du monde. Par exemple, aux déchets locaux, négligeables, succède une pollution globale et mondiale, non négligeable.

C’est la raison pour laquelle la Corée du Nord qui est considéré comme pays du tiers-monde (en corrélation du statut des pays africains) désormais les objets-monde et la nature comme des partenaires de nos activités. C’est également la raison pour laquelle nous devons reconsidérer les outils institutionnels, droit et concepts philosophiques qui nous aident à faire face à cette nouvelle échelle des réalités.

L’ambigüité sur le pré requis à avoir pour l’obtention d’une arme nucléaire ne se circonscrit cependant pas à la dimension globale de ces prés requis et à la nouvelle relation qui en découle entre l’homme et la nature des concepts. Elle est aussi le résultat de la rationalité humaine et du réalisme dans les relations internationales. Depuis les massacres ethniques entre hutu et tutsi au Rwanda , nous savons, en effet, que, combinée à l’idéologie raciste ou tribal et mise en œuvre par une bureaucratie sans faille, la rationalité peut engendrer une industrie d’extermination de masse comme fut aussi le cas à Nagasaki et a Hiroshima en 1945. Toutefois, une différence majeure distingue aujourd’hui notre capacité de destruction massive. Elle peut aussi être liée à une volonté de bien agir comme produire de l’électricité, générer de nouveaux moyens de transport, fournir de façon industrielle des aliments au plus grand nombre.

Mais vu que nous continuons de souffrir de terribles désastres, nous sommes souvent dans l’impossibilité de parler de ce qui arrive. C’est précisément véridique lorsque ces souffrances ont une cause humaine. Le professeur Jean-Pierre Dupuy, président du comité d’éthique et de déontologie de l’autorité de sureté nucléaire, nous rappelle les mots du philosophe Gunther Anders parlant des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki : « La constance qu’ils mettent à ne pas parler des coupables, à taire que l’évènement a été causé par les hommes, c’en est trop pour moi » et d’ajouter : « de la catastrophe, ils parlent constamment comme d’un tremblement de terre, comme d’un astéroïde ou d’un Tsunami ». On observe la même chose avec le mot « Shoah » qui signifie non pas génocide, mais « catastrophe naturelle » en hébreu.

 

Il semble alors pour l’Afrique que deux catastrophes nucléaires majeures en 25 ans, cela devrait nous ouvrir les yeux. selon Bwemba Bong « il y a que les supports qui changent mais l’homme n’évolue pas »; indépendamment des africains, ceci touche l’humanité entière qui a mon sens est l’unique communauté légitime.

 

Jean-Joseph Agoua-tossou

Étudiant en Sciences Politiques

Université de Montréal

 

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